Les nouvelles unités de Panther
À la fin de l'opération Citadelle les Panther D rescapés seront réafectés. Au moins l'un des deux bataillons sera temporairement rattaché à la division Grossdeutschland de la Heer. Cette dernière finira bientôt par percevoir ses propres Panther.
Pendant la bataille de Koursk les usines du Reich ont poursuivi leurs efforts. Plusieurs nouvelles unités vont être dotées de Panther D. Il s'agit, en priorité, de bataillons blindés destinés à rallier le front de l'Est.
Parmi ces nouvelles unités, le Ier bataillon du Panzer Regiment "Das Reich" est la toute première unité de la "Garde" à être équipée de Panther et à être opérationnelle fin août 1943.
Des tankistes de la Waffen-SS. Les hommes des Panzer de la "Garde" portaient au combat une combinaison camouflée "platane" ou "feuilles de chêne" réversible été-automne qui les différenciait radicalement de leurs homologues de la Heer, tout comme la tête de mort au calot. Aux yeux des jeunes allemands, la division Das Reich était alors l'une des unités les plus prestigieuses de l'armée hitlérienne.
La division "Das Reich" n'est alors officiellement qu'une division de Panzergrenadiere, même si son potentiel de combat n'a rien à envier aux Panzerdivisionen de la Heer et ce malgré les terribles pertes subies pandant la bataille de Koursk. L'étude de la Gliederung, l'organigrame de la division réalisé plus tard, probablement entre la fin août et octobre et reproduite par le magazine Panzertruppen révèle la lourdeur de ces pertes au sein de certaines unités d'infanterie de la division. Ainsi, le 3e régiment de panzer-grenadiers SS "Deutschland" ne compte plus qu'un battaillon sur trois, avec un effectif réel ne représentant que 83% de ce qui est théoriquement prévu.
Le Panzer Regiment semble mieux s'en sortir. D'après la Gliederung il compte 38 Panzer III et 53 Panzer IV, mais en l'absence d'informations plus détaillées il est impossible d'établir si l'unité a perçu de nouveaux chars en attendant ses Panther. La compagnie lourde, celle des Tiger I, semble être à effectif complet, mais elle est curieusement équipée ... de 17 chars moyens, donc de Panzer III ou IV.
La Ie Panzer Abteilung du Panzer Regiment "Das Reich" compte quatre compagnies de Panther. La Gliederung l'indique explicitement : 1ère compagnie : 15/V, donc 15 Panther, 14 à la 2e et 15 autres à la 3e (en ce qui concerne la 4e, l'effectif est occulté par une inscription rajoutée sur le scan du document). Le N° 255 du magazine 39/45 indique avec précision l'effectif du Ier bataillon blindé en p40, note 6 :
"Le tout premier SS-Panzer-Regiment à être équipé de Panzerkampfwagen V - Ausf. D Panther fut le SS-Panzer-Regiment 2 de la 2.SS Panzergrenadier-Division "Das Reich". Les [Panther] équipaient en raison de 17 engins par compagnie, les quatre compagnies de la I./SS-Pz.Rgt.2 (1er bataillon de char de ce régiment blindé). Cette unité connaît son baptême du feu à la fin du mois d'août 1943 au sud-ouest de Charkow".
Un Panther D de la division "Das Reich", été 1943. La légende de l'illustration est erronée : aucune division SS ne disposait de Panther à Koursk.
On a vu plus haut que l'effectif total du premier détachement de Panther D affecté à la "Das Reich" était de 71 engins, ce qui représente théoriquement 17 chars par compagnie plus trois pour l'unité de commandement du bataillon. On est nettement en-dessous des 96 Panther en dotation dans les bataillons de la Heer.
Les Panther de l'unité sont chargés sur des wagons de transport en gare d'Erlangen le 12 août 1943. La Reichsbahn utilise des wagons spéciaux (SSYS) en raison de la taille et du moids des Panther. Les convois passent par Dresde, Liegnitz, Lemberg, Poltava.
Embarquement en gare d'Erlangen pour les Panther de la division "Das Reich". La photographie montre l'équipage du char "332" (2e char, 3e section, 3e compagnie). La légende de la photographie dans le N° 247 de 39/45 magazine précise que les chars sont disposés "cul à cul" sur les wagons. Dans le N° 17 de Battailles et blindés de décembre 2006-janvier 2007, Karl Jauss, chef de char à la SS-Wiking, évoque avec admiration les opérations d'embarquement : "Je peux vous dire qu'il fallait être un sacré conducteur pour manoeuvrer un char de 45 tonnes sur un espace aussi restreint". Si les canons ont leur manchon de protection, ils ne sont pas immobilisés par la chaise de route qui se trouve à l'avant du Panther.
À l'arrivée sur les arrières du front le matériel doit être remis en état en vue d'un proche engagement au combat. Ici, un Panzerschütze nettoie le frein de bouche du Kwk 42.
Un panther de la "Das Reich" photographié à la fin de l'été 1943. La tenue camouflée permet d'affirmer sans aucune erreur possible que ces Panzerschützen sont des Waffen-SS. On est sur les arrières du front et aucun combat ne se prépare : l'équipage vaque à ses occupations et le manchon du canon est en place. Curieusement la tourelle est orientée vers 6h. Faute de plus amples informations on peut se demander si la photographie n'a pas été prise peu après le débarquement du train. On notera une nouveauté : la roue de route de rechange à l'arrière du flanc gauche du Panzer est recouverte de Zimmerit.
L'unité va connaître son premier combat fin août 1943 au sud-ouest de la ville de Kharkov (Charkow), abandonnée à nouveau par les Allemands après l'échec de l'opération Citadelle et la contre-offensive soviétique. Un jeune conducteur de la 3e compagnie de la I./SS-Panzer-Regiment 2 "Das Reich", Heinrich "Heiner" Warnick, évoque brièvement ctte période dans le N° 247 de 39/45 magazine de juillet-août 2007, p28 :
"Le 26 août 1943, je suis touché avec mon Panther par un coup au but dans le compartiment moteur, pendant un combat de chars dans le kolkhoze d'élevage de cochons de Ljubotin. Je suis blessé grièvement à la tête. C'est ma cinquième blessure, mais je reste dans la compagnie auprès de la troupe".
Trois semaines plus tard les Panther D de la division "Das Reich" vont connaître leur premier véritable engagement à Kolomak, là encore au sud-ouest de Kharkov. C'est encore Heinrich Warnick qui relate le combat, cette fois-ci avec plus de détails. Après sa blessure du 26 août il est affecté au Panther "335" de l'Unterscharführer Ludwig, dont le pilote, le SS-Rottenführer (caporal-chef) Aicher vient de se blesser accidentellement. Warnick rejoint son nouveau Panzer dans la nuit du 13 au 14 septembre. L'unité est installée en défensive : tous ses Panther sont positionnés dans des alvéoles protectrices, à défilement de tourelle. Leur caisse est invisible et seule la tourelle émerge, le frein de bouche du redoutable Kwk 42 ne dominant le sol que de quelques décimètres. Chaque alvéole est séparée de sa voisine par une distance de 500 à 600 m. Le Panther de Ludwig est placé en flanc gauche : c'est le Flügelpanzer. À sa gauche se trouve une unité de la Heer. La météo est exécrable. Il pleut en abondance et les alvéoles se remplissent d'eau, ce qui aura des conséquences désastreuses pour la mécanique des Panther D. L'équipage de Ludwig parvient à mettre le compartiment moteur au sec sous une bâche, puis il camoufle soigneusement son engin à grand renfort de faisceaux de paille. Le compartiment de combat est trempé, tout comme les tenues des Panzerschützen et le ravitaillement. L'ambiance n'est guère joyeuse sur la ligne de défense. La pluie continue à tomber durant la nuit du 14 au 15 septembre et le "335" est maintenant presque enlisé dans la boue de son alvéole. Warnick a pris la garde de 5 à 7 heures du matin, "Hundwache", la "garde du chien" car elle demande une grande vigilance : c'est le moment où les Russes ont l'habitude de lancer leurs attaques. La matinée s'écoule et le ravitaillement se fait attendre. Soudain, peu après 13 heures, le groupe de reconnaissance placé en "sonnette" au-devant des Panther envoie des fusées rouges d'alerte. Un agent de liaison arrive peu après, "complètement hystérique" (sic) : les Russes attaquent en force et leurs blindés arrivent droit sur les positions des Panzer. Le radio, Eilau, capte déjà les ordres : laisser l'ennemi s'approcher et ne pas tirer sans en avoir reçu le commandement. Warnick met en route son moteur, mais celui-ci refuse de partir. Le SS-Rottenführer Scheibe, pointeur, reste dans la tourelle du "335". Le reste de l'équipage descend démarrer le moteur à l'aide d'une manivelle, introduite dans une ouverture prévue à cet effet à l'arrière de la caisse, près des pots d'échappement. Trois essais se révèlent infructueux : le mauvais temps a détérioré le moteur du Panther, tout comme celui du Bordführer Wimmer, voisin de droite du "335". Déjà la masse des T-34 n'est plus qu'à 1000m de l'alvéole du Panther : à distance d'engagement. Warnick a un moment de découragement :
"Je fais la remarque à Ludwig que nous ne survivrons pas à cette journée ! Hubert rejette la remarque en disant que les "nouveaux" n'ont pas besoin d'entendre ça !".
Les chars Russes peinent sur le sol détrempé ce qui donne un court répit aux Panzerschützen. Ludwig donne ses ordres au chargeur, Zimmerer, un nouveau dont c'est le baptême du feu : prendre des obus antichars dans les rateliers afin d'en avoir le plus possible sous la main. Cette opération est indispensable. En effet les munitions sont réparties tour autour du compartiment de combat et entre la tourelle et les postes du pilote et du radio. Le chargeur ne peut accéder aux obus stockés sur le côté gauche du blindé, à moins de tourner la tourelle à 6 heures, ce qui est périlleux en plein combat en raison de la faible épaisseur du blindage arrière de cette dernière.
La disposition des munitions à l'intérieur du Panther. Le cercle représente la circulaire de tourelle. En haut, au milieu, les sièges du pilote et du radio. Il est impossible au chargeur de prendre des obus sur le côté gauche du compartiment de combat sans tourner la tourelle. D'où l'ordre donné par Ludwig à Zimmerer.
Entre-temps dix T-34 ont viré et viennent droit sur le "335". Warnick les estime à présent à 600m. Tandis que Ludwig demande au PC l'autorisation de tir, Warnick voit les fantassins de la 198e Infanterie-Division de la Heer placés sur sa gauche qui abandonnent leurs positions et se replient. Désormais, les Panther de la "Das Reich" sont seuls et pour les équipages des deux chars en panne il n'y a plus q'une seule alternative : vaincre ou mourir. Les éléments du groupe de reconnaissance SS se replient alors sur les positions abandonnées pour colmater la brèche. L'ordre de tir arrive enfin. Warnick apprend alors par radio que les 14 panther de la 3e compagnie ont en face d'eux pas moins de 80 chars T-34 ! Ludwig ne perd pas de temps. Il ordonne à Scheibe d'engager le char russe le plus à gauche distant de 500m. Le premier tir est un coup au but. Mais déjà Zimmerer a rechargé le Kwk 42 et un second T-34 s'embrase. C'est alors que le ventilateur de tourelle qui sert à évacuer la fumée du canon tombe en panne. Ludwig ouvre la trappe de son tourelleau et Zimmerer fait de même avec l'écoutille arrière. Scheibe fait bien son travail. Il a déjà liquidé cinq chars russes et le Panther n'a toujours pas été repéré. Si : un T-34 pivote face au "335", présentant son blindage frontal pour constituer une cible plus petite. Il tire et son obus dresse un jeyser de terre devant le Panther. Mais déjà Scheibe a réagit. Il aligne le Russe et le Kwk 42 crache son perforant. Celui-ci vient frapper de plein fouet le T-34 sur sa circulaire de tourelle. Cette dernière, arrachée, voltige dans les airs. La tension est à son comble à l'intérieur du Panther. À son poste de pilotage, Warnick reçoit sur lui une douille vide de 75 mm. Les cinq chars russes rescapés tentent de contourner la ligne de résistance mais ils présentent leur flanc aux redoutables canons des Panther. Et c'est un carnage sous le tir tendu des Kwk 42.
Soudain un choc d'une rare violence. Le Panther a reçu un impact sur sa tourelle, côté chargeur. Tous les membres de l'équipage sont saufs, excepté Zimmerer qui s'est évanoui. Ludwig ordonne alors à Warnick de remplacer le chargeur :
"Ludwig me crie en bas : "Heiner, tu dois faire maintenant l'e chargeur !" Je réponds : "J'ouvre maintenant la trappe de conducteur, ne tirez pas, je dois sortir dehors pour prendre place de chargeur !" On peut le comprendre, le changement se passe assez vite.
Warnick constate que Zimmerer saigne du nez. Il semble être comotionné. Mais pendant ce temps l'infanterie russe en a profité pour se rapprocher dangereusement.
Warnick recharge alors de Kwk 42, mais dans l'excitation du combat et stressé par l'approche des fantassins russes, il se trompe de munition et engage un obus explosif dans la culasse au lieu d'un perforant. Scheibe aligne un T-34 distant de 400m et c'est le miracle : emporté par sa formidable vitesse initiale, l'obus explosif perce le blindage de l'engin ennemi.
Zimmerer revient lentement à lui. Il n'est pas blessé, mais il se trouve en état de choc. Le chargeur reste recroquevillé dans un coin de la tourelle, derrière Warnick qui s'est adapté assez facilement à une tâche qui n'est pas la sienne en dépit d'un incident : il a oublié de retirer son laryngophone et a manqué de s'étrangler avec. Il portera encore des marques rouges quelques jours plus tard. Lorsque Ludwig lui crie de charger un perforant, une Panzergranate, Warnick se trompe et alimente le canon avec un nouvel obus explosif, une Sprenggranate. Ce dernier ricoche sur sa cible et va se perdre dans le ciel, ce qui vaut à Warnick un "savon" de son chef assorti d'un léger coup de pied. Scheibe en est alors néanmoins à son 8e T-34 détruit ce qui lui vaut les félicitations entousiastes de Ludwig :
"Prima Willi, das ist jetzt schon dein 8. Treffer !" (Bravo Willi, ça fait ton 8e coup au but)
À son poste, Warnick est suffoqué par la fumée des tirs. Soudain, Ludwig lui annonce que Scheibe doit engager l'infanterie ennemie à coup d'obus explosifs. Celle-ci est parvenue à distance de combat des Panther. On peut déjà entendre le halètement des MG-42 des fantassins SS. Wimmer prévient l'équipage du "335" que les Russes arrivent en masse droit vers leur blindé. Il faut les repousser à l'aide de la mitrailleuse coaxiale de tourelle. Warnick doit tirer en continu sur les fantassins ennemis.
De son côté, Scheibe poursuit le carnage des blindés ennemis. Il vise un autre T-34, mais l'obus explosif chargé par Warnick rate sa cible. L'obus suivant fait mouche : atteint dans la caisse, le char russe s'enbrase. C'est la 10e victoire du "335" depuis le début de l'engagement. Celui-ci s'intensifie. Les Panzerschützen entendent à présent distinctement les coups au but de leus voisins.
Scheibe demande à Warnick de recharger au plus vite le Kwk-42, mais pour atteindre les Panzergranaten, il faut à présent jeter dehors les douilles vides qui emcombrent le sol du compartiment de combat et bloquent l'accès aux rateliers arrières. Le tireur s'impatiente et s'énerve de ce contretemps. En fin de compte, Warnick parvient à recharger le canon du Panther avec un obus anti-char. C'est alors que Ludwig informe Scheibe qu'il a repéré au loin d'autres T-34 sur lesquels se sont aglutinés des fantassins russes. L'idée du Bordführer est simple : engager en priorité ces nouveaux venus pour causer le maximum de dégâts aux assaillants en tuant ou blessant l'infanterie d'accompagnement par ricochet ou projection.
Scheibe n'a malheureusement pas le temps de mettre en oeuvre le plan de son chef : le "335" est soudain secoué une seconde fois par un choc encore plus violent que le premier. Un T-34 a placé un coup au but. Par chance, le 76 mm est venu ricocher sur la partie supérieure du mantelet de tourelle, la Walzenblende avant d'aller se perdre dans les airs sur les arrières de l'alvéole. Déjà secoué par le premier impact ennemi, Zimmerer est littéralement tétanisé. Ses deux camarades lisent l'angoisse dans son regard. Ludwig lui parle et réussit à le calmer.
Warnick reprend son travail : jeter dehors les douilles vides afin de pouvoir alimenter le Kwk-42 en obus. Tout semble se passer à une vitesse folle, lorsqu'un troisième craquement secoue les 43 tonnes du Panther. Un projectile russe explose sur le train de roulement, pourtant protégé par l'alvéole. Tout voltige à l'intérieur de l'habitacle. À peine remis de ce nouveau choc, Warnick réalise qu'il ne reste plus que dix obus dans les rateliers. Il s'empresse d'avertir son chef, mais le bruit est tel qu'il doit se contenter de lui montrer ses dix doigts écartés : "dix obus".
Et après, la fin ...
C'est alors qu'Eilau, le radio, qui est jusqu'à là demeuré silencieux, avertit ses camarades. L'Untersturmführer Emmerling, Bordführer du "331", se signale par radio. il avertit Ludwig et ses hommes de vérouiller toutes les trappes, car l'infanterie ennemie est sur le point d'atteindre l'alvéole du blindé en panne. Dans quelques instants, les fantassins russes vont grimper sur le Panther, avec une intention évidente : le faire sauter. Impossible de s'enfuir. Ludwig et ses hommes referment précipitement leurs trappes. Il était temps. Déjà les semelles cloutées des Russes martellent le blindage du "335". Warnick et ses camarades attendent avec angoisse l'explosion qui les enverra tous dans l'autre monde, lorsque soudain, des chocs légers et des hurlements retentissent. Par les meurtrières, l'équipage aperçoit les fantassins ennemis qui abandonnent leur Panzer pour se mettre à l'abris. Que s'est-il passé ?
Emmerling et ses Panzerschützen ont immédiatement réalisé le danger mortel qui menaçait leurs camarades. L'Untersturmführer ondonne à son chargeur de nettoyer les flancs du "335" à grandes rafales de MG-34. Posément, celui-ci ouvre le feu et fauche les fantassins russes aglutinés sur le Panther immobilisé. Ces derniers n'insistent pas et prennent la fuite.
Soulagé, Warnick charge alors son dernier obus. Scheibe a tiré 25 obus explosifs et 20 obus anti-char. Il risque un coup d'oeil par la trappe arrière de tourelle et remarque que la nuit commence à tomber. La situation de l'équipage est loin d'être rassurante. Le "335" est isolé, sans munitions et l'infanterie ennemie grouille littéralement sur les avants du blindé. Eilau transmet un rapport au PC du bataillon. Le Sturmbannführer WeiB, commandant de la Panzer-Abteilung, donne à l'équipage l'ordre de saborder le Panther à l'aide des Sprengkapseln, les charges explosives embarquées à cet effet.
(à suivre très prochainement)
L'Unterscharführer Ernst Barkmann à bord de la tourelle de son Panther D à l'été 1943. Né en 1919 dans une famille de fermiers du Schleswig-Holstein, en Allemagne du Nord, Barkmann s'engage en 1936 dans le régiment SS "Germania", composante des SS Verfügungstruppen (SS-VT), la future division "Das Reich". Il participe aux combats de l'unité en Pologne, en France et finalement en Russie à l'été 1941. Blessé, il est nommé instructeur auprès des volontaires néerlandais de la Waffen-SS. Au printemps 1942 il revient au front et obtient d'être muté dans les Panzertruppen, au sein de la SS "Das Reich" qui n'est alors qu'une division de Panzergrenadiere. Il est d'abord canonnier, puis prend le commandement d'un Panzer III lang (J à canon long de 50 mm mais dépourvu de Schürzen) avec le grade d'Unterschaführer (sergent). Il s'illustre durant les batailles de Kharkov, Bielgorod et bien sûr à Koursk où il participe au célèbre engagement de Prokhorovka. Décoré de l'insigne d'assaut des Panzer et des croix de fer de 2e et 1ère classe, il reçoit finalement le commandement d'un Panther D en août 1943. Jusqu'en janvier 1944, Barkmann va s'illustrer en remportant plus de cinquante victoires contre des chars de l'Armée rouge.
Le Panther de Barkmann (2e de profil à partir de la droite ?). L'engin est sans conteste un Ausführung D. On remarque une nouveauté : le Panther est recouvert de Zimmerit, une pâte anti-magnétique à base de résine destinée à empécher la pose de mines aimantées par les fantassins ennemis. La Zimmerit a d'autres avantages car elle casse les grandes surfaces planes du Panther et évite les reflets et elle joue un rôle de régulateur thermique par temps chaud. L'application a ici été effectuée par les équipages, d'où l'impression de barbouillage. Rien à voir avec les applications en usine effectuées plus tard.
Il y a une contradiction au niveau des sources. Selon le site ci-dessous, Barkmann sert alors comme cannonier à bord du Panther du Bordführer Hargesheimer.
www.geocities.com/alkantolga/
"As gunner of Alfred Hargesheimer's Panther.Courtesy Dale R. Ritter."
Toutefois, dans le N°21 de Batailles et blindés sur les as de la Panzerwaffe, il est écrit que Barkmann reçoit le commandement d'un Panzer III lang avant Koursk, donc avant l'arrivée des Panther. En p40 on lit même qu'il reçoit dès août 1943 le commandement d'un Panther D.
Après la bataille de Normandie, l'Oberscharführer (adjudant) Barkmann est décoré de la Croix de chevalier, la Ritterkreutz.
Il est avéré qu'aucun des hommes des Panzer de la "Das Reich" n'a été impliqué dans les crimes de guerres commis par les unités d'infanterie de la division, comme la 3e compagnie du 4e Panzer Grenadiere Regiment "Der Führer" à Oradour sur Glane le 10 juin 1944. Barkmann sera fait prisonnier par les Britanniques à la fin de la guerre et aucun crime de guerre ne lui sera jamais reproché. Après sa libération il sera chef des pompiers de la ville de Kisdorf dont il deviendra le maire par la suite. Avec 82 victoires, il est aujourd'hui, à presque 90 ans, toujours considéré comme l'as des Panther.