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19 avril 2008

Ansatz Zitadelle (Opération citadelle)

Juin 1943. L'état major allemand achève de mettre au point le plan de bataille de la grande offensive d'été. Celle-ci aura pour objectif le saillant de Koursk. Ce sera l'opération "Citadelle".

Après la désastre de Stalingrad, les forces de l'Axe se sont reprises. Le maréchal von Manstein, commandant du groupe d'armée du Don, parvient à stabiliser le front en mettant en oeuvre une habile stratégie combinant la retraite suivie d'un mouvement d'attaque-retour. Il laisse les unités soviétiques enivrées par leur récente victoire s'enfoncer loin en avant sur les arrières des troupes allemandes et étirer considérablement leurs lignes de ravitaillement jusqu'à la rupture. Les unités blindées de l'armée rouge, épuisées, à court de carburant et de munitions, sont alors coupées de leurs arrières par un mouvement tournant qui les prend au piège. Manstein lance alors ses forces à l'offensive et stabilise le front fin mars 1943. C'est durant cette phase des opérations qu'intervient une nouvelle unité : le SS Panzerkorps du général Paul Hausser. Ce corps blindé SS, composé des trois premières divisions de la "garde" (Leibstandarte Adolf Hitler, Das Reich et Totenkopf) et renforcé par la division Grossdeutschland de la Heer, s'illustre en reprenant à l'aide de ses panzers la ville ukrainienne de Kharkov.

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Le Feld-Marschall Erich von Manstein-Lewinski, commandant le Groupe d'armées du Don qui tient l'Ukraine à l'hiver 1942-1943 reçoit la visite du Führer. Paradoxe, car Manstein est loin d'incarner l'idéal racial du Grand Reich. Il est en effet considéré par les services de sécurité de l'Etat nazi comme un "Mischlinge" (sang-mêlé) en raison d'une ascendance juive partielle qui, selon les lois de Nuremberg de 1935 lui autorise l'accès à l'Offizierkorps de la Wehrmacht mais lui aurait fermé celui à l'Ordre noir SS. Cela agace considérablement un bon nombre de dignitaires de l'armée et du régime, d'autant plus que l'intéressé semble prendre un malin plaisir à rappeler les origines hébraïques supposées d'une partie de ses ancêtres (selon lui, Lewinski viendrait du patronyme Levi). Manstein est allé plus loin puisqu'il n'a pas hésité à protester contre le limogeage des officiers juifs de l'armée allemande après la prise du pouvoir par le NSDAP, ce qui ne l'empêchera pas par la suite de cautionner les opérations d'extermination commises par les Einsatzgruppen sur les arrières du groupe d'armée du Don. Le Feld-Marschall ne pouvait ignorer ni les opérations de la "solution finale par balles", ni l'existence des camps d'extermination qui lui avait été révélée par son aide de camp. Notre homme est un fin stratège. Il est l'auteur du plan d'invasion qui a mis la France à genoux en six semaines au printemps 1940, ce dont il ne sera guère récompensé. La guerre à l'Est va lui offrir un théatre d'opération à la mesure de son génie. Les vastes espaces de Russie et d'Ukraine lui permettent de mettre en oeuvre sa stratégie défensive où les retraites alternent avec des offensives-retour dévastatrices. Stratégie efficace mais qui fait bon marché des ordres d'Hitler de ne pas reculer. Ses divergences de vues avec l'OKW et le Führer font de lui un suspect, tout comme ses demandes répétées d'être nommé commandant en chef du front de l'Est. Il est brutalement limogé et mis en retraite anticipée au printemps 1944.
Source:
LEMAY Benoît, Erich von Manstein, le stratège de Hitler, Perrin, 2006.

La majeure partie des forces soviétiques est parvenue à échapper au piège de Manstein. Les unités composant le Front (groupe d'armée soviétique) de Voronej ont opéré une habile retraite et se sont positionnées face au sud, sur le flanc méridional du saillant de Koursk. Il s'agit d'un vaste espace de 150 km sur 100, tenu par l'armée rouge et qui s'enfonce à l'intérieur des lignes allemandes. L'OKW (etat-major suprême de la Wehrmacht) décide de liquider ce saillant pour racourcir le front tenu par des divisions allemandes épuisées.

Kurskmap1
Fin mars 1943, le front allemand est rétabli, mais l'Armée rouge tient toujours le gigantesque saillant de Koursk, au milieu de l'image.

L'attaque allemande est sans cesse retardée suite aux hésitations d'Hitler ainsi qu'à la volonté de l'état-major de renforcer le potentiel offensif des unités allemandes, grâce notamment à l'entrée en scène des nouveaux chars Tiger et Panthers.
L'armée rouge a eu tout le temps de renforcer ses positions et de concentrer sur les flancs du saillant des troupes fraîches et de l'artillerie. Sur les arrières, la 5e armée blindée de la Garde se tient en réserve stratégique. Koursk sera plus qu'une simple bataille. Ce sera le choc des titans.

L'idée d'une grande offensive est soutenue par le maréchal Keitel, chef de l'OKW et par Manstein. Guderian quant à lui s'y oppose, en vain.
Le plan de l'OKW est simple : la 9e armée du maréchal Model attaquera le flanc nord du saillant. Le flanc sud sera attaqué par la IVe Panzerarmee du général Hoth, à laquelle seront rattachés les bataillons de Panthers 51 et 52, ainsi que le SS Panzerkorps. Les deux pinces de la tenaille doivent se rejoindre à Koursk. L'OKW espère ainsi, selon les termes du général SS Hausser, "casser 40% du potentiel offensif de l'armée rouge".

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Le plan de bataille de l'opération "Citadelle" : Model attaque au Nord et Hoth au Sud. La carte montre l'avance maximale des troupes allemandes qui auraient dû fondre sur Koursk.

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