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SdKFZ 171 Panther
17 avril 2008

Le projet MAN

Le second projet est réalisé par la firme bavaroise Maschinenfabrik Augsburg Nürnberg (MAN).

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Le prototype MAN est lui aussi désigné VK.3002. Pour le différencier de son rival de la firme Daimler-Benz, nous l'appellerons ici le projet MAN, bien que cette appellation n'ait rien d'officiel. On notera les bidons d'essence supplémentaires fixés à l'arrière de la caisse à la manière russe. Ils sont enlevés avant un engagement au combat. Ce système ne semble pas avoir été très souvent utilisé sur Panther. Une photographie atteste la présence de semblables bidons sur un Panzer IV de la division Das Reich en juin 1944.

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Le prototype du projet MAN. Ce n'est pas encore véritablement un Panther car le dessin de la tourelle est différent. On remarque en particulier la base cylindrique du tourelleau qui dépasse largement sur le flanc gauche de la tourelle, comme plus tard sur le Tiger II.

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Le projet MAN, ici dépourvu du matériel d'entretien sur les flancs de la caisse, mais avec des lance-pots fumigènes de tourelle. Il s'agit en fait déjà d'un exemplaire de série ou Panther D.

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L'un des tout premiers exemplaires du Panther D. On notera quelques-unes des caractéristiques de cette version : galets à 16 boulons, prolongements des gardes-boue avant, meurtrière et deux épiscopes pour le radio, trappe de visée du pilote, ouvertures latérales de tourelle, tourelleau ancien type à meurtrières. Sur les flancs, une partie du matériel d'entretien. À l'avant, des outils. À l'arrière, trois paires d'éléments de chenille. Le long cylindre au milieu contient l'écouvillon de nettoyage du canon Kwk 42 L70.

Si le cahier des charges défini par le Heereswaffenamt a été respecté -à l'exception du poids qui frôle tout de même les 45 tonnes-, le deuxième engin est loin d'être une copie ou même une extrapolation du T-34. Dans l'ensemble le projet MAN est plus allemand que soviétique. Il s'agit d'un char très sophistiqué pour l'époque, voire révolutionnaire par rapport à ses prédécesseurs au sein de la Panzerwaffe.

Rien à voir avec les chaînes étroites des Panzer III et IV : le train de roulement du nouveau venu repose sur de larges chenilles plus adaptées aux espaces boueux de Russie ou d'Ukraine. La caisse du projet MAN est plus élevée que celle du VK.3002, à cause de la suspension à barres de torsion, plus coûteuse à produire, mais d'un entretien plus simple, contrairement à celle du VK.3002 qui nécéssite un démontage complet pour toute réparation ! Le train de roulement est constitué de roues de route entrelacées, huit de chaque côté. Les barbotins sont placés à l'avant. tous deux sont entraînés par un puissant moteur Maybach HL 210 à essence 12 cylindres, qui présente l'avantage d'être déjà prêt pour une production en série. Le moteur permet en outre l'immersion du blindé qui est donc submersible sans préparation. Le char affiche en outre d'excellentes capacités de franchissement.

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Le Panther D affiche des capacités de déplacement nettement supérieures à celles des autres blindés allemands.

Le char lui-même est nettement plus confortable que le T-34, même si le compartiment de combat demeure exigu. La tourelle est large, placée en retrait sur la caisse afin de mieux équilibrer le canon. Cette disposition permet également d'aménager deux trappes pivotantes pour le pilote et le radio qui prennent place en caisse. La tourelle est manoeuvrée par les trois hommes restants : le Bordführer (chef de char), le tireur et le chargeur.

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Plan de la tourelle du Panther réalisée après le conflit par le ministère de la guerre français. Il s'agit ici d'une tourelle D identifiable au tourelleau à meurtrières et non à épiscopes. Le croquis du bas met en évidence la position des trois occupants de la tourelle. En bas à gauche : le tireur. Juste derrière lui se trouve le siège du chef de char, le Bordführer, placé juste en-dessous du tourelleau. En haut, sur la droite de la tourelle, le siège du chargeur.

L'armement principal reste l'impressionnant canon Kwk 42, de 75 mm en 70 calibre, dont la longueur autorise des vitesses initiales particulièrement élevées à la sortie du tube. Une arme redoutable qui se révèlera aussi efficace que le 88 mm du Tigre I et qui sonnera le glas de la suprématie incontestée du T-34.

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La culasse du Kwk 42. Au fond à droite on distingue l'ouverture pour la mitrailleuse coaxiale MG-34 en calibre 7,92 mm.

L'armement secondaire est composé de deux mitrailleuses légères MG-34. La première est en tourelle, coaxiale, placée sur la droite du canon. L'autre est mise en oeuvre par le radio. Assez bizarement le projet MAN présente ici une régression par rapport à ses prédécesseurs car les Panzer III et IV disposent d'une rotule de tir à l'avant de la caisse. Le radio du projet MAN doit faire passer le canon de son arme par une meurtrière verticale qui l'expose à une éventuelle riposte de l'infanterie ennemie.

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Ci-dessus : Un panther D, version finale du projet MAN. Cet exemplaire est enrégimenté, comme le montrent clairement les chiffres sur le flanc de la tourelle, à lire de droite à gauche : 3e char, 3e section, 4e compagnie. L'engin est vraisemblablement en service au sein du premier bataillon d'un Panzerregiment.

Au niveau de la protection, le projet MAN présente des surfaces profilées. Là encore, plus rien à voir avec les modèles de chars précédents : les 80mm du blindage frontal sont inclinés à 55°. Cette partie du char est la plus exposée : statistiquement elle encaisse 78% des coups adverses. On retrouve une protection inclinée sur les flancs : 40mm à 40°. Enfin, la tourelle elle-même est dotées d'un bouclier, un mantelet de canon incurvé de 100mm monté sur un blindage frontal de 110 mm, incliné à 12°. Les flancs de la tourelle sont épais de 45mm et inclinés à 25°.

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La tourelle est donc bien plus protégées que celle des anciens modèles, mais elle présente un certain nombre de points faibles : les trappes et ouvertures. Sur l'arrière a été aménagée une trappe d'évacuation pour le chargeur, trop mince pour résister à un tir adverse. De même, si la trappe du chef de char ne risque pas d'encaisser un coup direct, elle reste très vulnérable à un tir d'artillerie indirect, comme le toit du blindé. Par ailleur le bouclier de tourelle incurvé dévie parfaitement les tirs ennemis, mais il peut se révéler dangereux en déviant certains de ceux-ci vers le bas, donc vers les trappes du pilote ou du radio, entraînant ainsi la mise hors de combat du char. La trappe d'évacuation du chargeur constitue néanmoins un bon atout pour la survie de l'équipage. Placée à l'arrière, elle a moins de chance d'être exposée au feu adverse et permet aux Panzerschützen d'évacuer un char touché sans être vulnérables. À condition bien sûr d'en avoir le temps, ce qui sera trop souvent loin d'être le cas. Paradoxalement, le concept de la trappe de sortie sur l'arrière du char sera repris quelques décennies plus tard sur ... le Merkava israélien.

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Ci-dessus : bonne vue du train de roulement et du glâcis avant du Panther D. La trappe latérale de chargement est entrouverte. On notera aussi le bouclier de tourelle incurvé : celui-ci n'empêche pas un éventuel ricochet d'obus vers le toit de la caisse où les trappes du pilote et du radio dont particulièrement vulnérables.

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Cette photographie met en évidence le train de roulement composé de huit roues entrelacées. Les barbotins sont à l'avant. On notera l'inclinaison du blindage fontal de la caisse, le bouclier de tourelle incurvé ainsi que l'impressionnante volée du Kwk 42.

Le projet MAN n'en constitue pas moins une réplique cinglante au T-34. Bien qu'Hitler ait décidé de lancer la fabrication en série du VK.3002, c'est bel et bien son challenger qui emportera la compétition. En mai 1942, le projet MAN est adopté et une commande de présérie est passée. La commande des 200 VK.3002 est quant à elle purement et simplement annulée.

Le projet MAN produit en série prend alors son nom officiel de SdKFZ 171 Panzerkampfwagen V "Panther" Ausführung D, en abrégé Panzer V Panther D.

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Le Panther D présente une silhouette légèrement différente des celle du prototype MAN.

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Un hybride : caisse de Panther D et tourelle de Panzer IV. Une illustration qui demande confirmation par d'autres sources.
Existence confirmée par steel masters n 14 bimestriel avril mai 1996 (merci Steiner).

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