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SdKFZ 171 Panther

26 avril 2008

Les nouvelles unités de Panther

À la fin de l'opération Citadelle les Panther D rescapés seront réafectés. Au moins l'un des deux bataillons sera temporairement rattaché à la division Grossdeutschland de la Heer. Cette dernière finira bientôt par percevoir ses propres Panther.

Pendant la bataille de Koursk les usines du Reich ont poursuivi leurs efforts. Plusieurs nouvelles unités vont être dotées de Panther D. Il s'agit, en priorité, de bataillons blindés destinés à rallier le front de l'Est.

Parmi ces nouvelles unités, le Ier bataillon du Panzer Regiment "Das Reich" est la toute première unité de la "Garde" à être équipée de Panther et à être opérationnelle fin août 1943.

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Des tankistes de la Waffen-SS. Les hommes des Panzer de la "Garde" portaient au combat une combinaison camouflée "platane" ou "feuilles de chêne" réversible été-automne qui les différenciait radicalement de leurs homologues de la Heer, tout comme la tête de mort au calot. Aux yeux des jeunes allemands, la division Das Reich était alors l'une des unités les plus prestigieuses de l'armée hitlérienne.

La division "Das Reich" n'est alors officiellement qu'une division de Panzergrenadiere, même si son potentiel de combat n'a rien à envier aux Panzerdivisionen de la Heer et ce malgré les terribles pertes subies pandant la bataille de Koursk. L'étude de la Gliederung, l'organigrame de la division réalisé plus tard, probablement entre la fin août et octobre et reproduite par le magazine Panzertruppen révèle la lourdeur de ces pertes au sein de certaines unités d'infanterie de la division. Ainsi, le 3e régiment de panzer-grenadiers SS "Deutschland" ne compte plus qu'un battaillon sur trois, avec un effectif réel ne représentant que 83% de ce qui est théoriquement prévu.
Le Panzer Regiment semble mieux s'en sortir. D'après la Gliederung il compte 38 Panzer III et 53 Panzer IV, mais en l'absence d'informations plus détaillées il est impossible d'établir si l'unité a perçu de nouveaux chars en attendant ses Panther. La compagnie lourde, celle des Tiger I, semble être à effectif complet, mais elle est curieusement équipée ... de 17 chars moyens, donc de Panzer III ou IV.
La Ie Panzer Abteilung du Panzer Regiment "Das Reich" compte quatre compagnies de Panther. La Gliederung l'indique explicitement : 1ère compagnie : 15/V, donc 15 Panther, 14 à la 2e et 15 autres à la 3e (en ce qui concerne la 4e, l'effectif est occulté par une inscription rajoutée sur le scan du document). Le N° 255 du magazine 39/45 indique avec précision l'effectif du Ier bataillon blindé en p40, note 6 :

"Le tout premier SS-Panzer-Regiment à être équipé de Panzerkampfwagen V - Ausf. D Panther fut le SS-Panzer-Regiment 2 de la 2.SS Panzergrenadier-Division "Das Reich". Les [Panther] équipaient en raison de 17 engins par compagnie, les quatre compagnies de la I./SS-Pz.Rgt.2 (1er bataillon de char de ce régiment blindé). Cette unité connaît son baptême du feu à la fin du mois d'août 1943 au sud-ouest de Charkow".

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Un Panther D de la division "Das Reich", été 1943. La légende de l'illustration est erronée : aucune division SS ne disposait de Panther à Koursk.

On a vu plus haut que l'effectif total du premier détachement de Panther D affecté à la "Das Reich" était de 71 engins, ce qui représente théoriquement 17 chars par compagnie plus trois pour l'unité de commandement du bataillon. On est nettement en-dessous des 96 Panther en dotation dans les bataillons de la Heer.

Les Panther de l'unité sont chargés sur des wagons de transport en gare d'Erlangen le 12 août 1943. La Reichsbahn utilise des wagons spéciaux (SSYS) en raison de la taille et du moids des Panther. Les convois passent par Dresde, Liegnitz, Lemberg, Poltava.

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Embarquement en gare d'Erlangen pour les Panther de la division "Das Reich". La photographie montre l'équipage du char "332" (2e char, 3e section, 3e compagnie). La légende de la photographie dans le N° 247 de 39/45 magazine précise que les chars sont disposés "cul à cul" sur les wagons. Dans le N° 17 de Battailles et blindés de décembre 2006-janvier 2007, Karl Jauss, chef de char à la SS-Wiking, évoque avec admiration les opérations d'embarquement : "Je peux vous dire qu'il fallait être un sacré conducteur pour manoeuvrer un char de 45 tonnes sur un espace aussi restreint". Si les canons ont leur manchon de protection, ils ne sont pas immobilisés par la chaise de route qui se trouve à l'avant du Panther.

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À l'arrivée sur les arrières du front le matériel doit être remis en état en vue d'un proche engagement au combat. Ici, un Panzerschütze nettoie le frein de bouche du Kwk 42.

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Un panther de la "Das Reich" photographié à la fin de l'été 1943. La tenue camouflée permet d'affirmer sans aucune erreur possible que ces Panzerschützen sont des Waffen-SS. On est sur les arrières du front et aucun combat ne se prépare : l'équipage vaque à ses occupations et le manchon du canon est en place. Curieusement la tourelle est orientée vers 6h. Faute de plus amples informations on peut se demander si la photographie n'a pas été prise peu après le débarquement du train. On notera une nouveauté : la roue de route de rechange à l'arrière du flanc gauche du Panzer est recouverte de Zimmerit.


L'unité va connaître son premier combat fin août 1943 au sud-ouest de la ville de Kharkov (Charkow), abandonnée à nouveau par les Allemands après l'échec de l'opération Citadelle et la contre-offensive soviétique. Un jeune conducteur de la 3e compagnie de la I./SS-Panzer-Regiment 2 "Das Reich", Heinrich "Heiner" Warnick, évoque brièvement ctte période dans le N° 247 de 39/45 magazine de juillet-août 2007, p28 :

"Le 26 août 1943, je suis touché avec mon Panther par un coup au but dans le compartiment moteur, pendant un combat de chars dans le kolkhoze d'élevage de cochons de Ljubotin. Je suis blessé grièvement à la tête. C'est ma cinquième blessure, mais je reste dans la compagnie auprès de la troupe".

Trois semaines plus tard les Panther D de la division "Das Reich" vont connaître leur premier véritable engagement à Kolomak, là encore au sud-ouest de Kharkov. C'est encore Heinrich Warnick qui relate le combat, cette fois-ci avec plus de détails. Après sa blessure du 26 août il est affecté au Panther "335" de l'Unterscharführer Ludwig, dont le pilote, le SS-Rottenführer (caporal-chef) Aicher vient de se blesser accidentellement. Warnick rejoint son nouveau Panzer dans la nuit du 13 au 14 septembre. L'unité est installée en défensive : tous ses Panther sont positionnés dans des alvéoles protectrices, à défilement de tourelle. Leur caisse est invisible et seule la tourelle émerge, le frein de bouche du redoutable Kwk 42 ne dominant le sol que de quelques décimètres. Chaque alvéole est séparée de sa voisine par une distance de 500 à 600 m. Le Panther de Ludwig est placé en flanc gauche : c'est le Flügelpanzer. À sa gauche se trouve une unité de la Heer. La météo est exécrable. Il pleut en abondance et les alvéoles se remplissent d'eau, ce qui aura des conséquences désastreuses pour la mécanique des Panther D. L'équipage de Ludwig parvient à mettre le compartiment moteur au sec sous une bâche, puis il camoufle soigneusement son engin à grand renfort de faisceaux de paille. Le compartiment de combat est trempé, tout comme les tenues des Panzerschützen et le ravitaillement. L'ambiance n'est guère joyeuse sur la ligne de défense. La pluie continue à tomber durant la nuit du 14 au 15 septembre et le "335" est maintenant presque enlisé dans la boue de son alvéole. Warnick a pris la garde de 5 à 7 heures du matin, "Hundwache", la "garde du chien" car elle demande une grande vigilance : c'est le moment où les Russes ont l'habitude de lancer leurs attaques. La matinée s'écoule et le ravitaillement se fait attendre. Soudain, peu après 13 heures, le groupe de reconnaissance placé en "sonnette" au-devant des Panther envoie des fusées rouges d'alerte. Un agent de liaison arrive peu après, "complètement hystérique" (sic) : les Russes attaquent en force et leurs blindés arrivent droit sur les positions des Panzer. Le radio, Eilau, capte déjà les ordres : laisser l'ennemi s'approcher et ne pas tirer sans en avoir reçu le commandement. Warnick met en route son moteur, mais celui-ci refuse de partir. Le SS-Rottenführer Scheibe, pointeur, reste dans la tourelle du "335". Le reste de l'équipage descend démarrer le moteur à l'aide d'une manivelle, introduite dans une ouverture prévue à cet effet à l'arrière de la caisse, près des pots d'échappement. Trois essais se révèlent infructueux : le mauvais temps a détérioré le moteur du Panther, tout comme celui du Bordführer Wimmer, voisin de droite du "335". Déjà la masse des T-34 n'est plus qu'à 1000m de l'alvéole du Panther : à distance d'engagement. Warnick a un moment de découragement :

"Je fais la remarque à Ludwig que nous ne survivrons pas à cette journée ! Hubert rejette la remarque en disant que les "nouveaux" n'ont pas besoin d'entendre ça !".

Les chars Russes peinent sur le sol détrempé ce qui donne un court répit aux Panzerschützen. Ludwig donne ses ordres au chargeur, Zimmerer, un nouveau dont c'est le baptême du feu : prendre des obus antichars dans les rateliers afin d'en avoir le plus possible sous la main. Cette opération est indispensable. En effet les munitions sont réparties tour autour du compartiment de combat et entre la tourelle et les postes du pilote et du radio. Le chargeur ne peut accéder aux obus stockés sur le côté gauche du blindé, à moins de tourner la tourelle à 6 heures, ce qui est périlleux en plein combat en raison de la faible épaisseur du blindage arrière de cette dernière.

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La disposition des munitions à l'intérieur du Panther. Le cercle représente la circulaire de tourelle. En haut, au milieu, les sièges du pilote et du radio. Il est impossible au chargeur de prendre des obus sur le côté gauche du compartiment de combat sans tourner la tourelle. D'où l'ordre donné par Ludwig à Zimmerer.

Entre-temps dix T-34 ont viré et viennent droit sur le "335". Warnick les estime à présent à 600m. Tandis que Ludwig demande au PC l'autorisation de tir, Warnick voit les fantassins de la 198e Infanterie-Division de la Heer placés sur sa gauche qui abandonnent leurs positions et se replient. Désormais, les Panther de la "Das Reich" sont seuls et pour les équipages des deux chars en panne il n'y a plus q'une seule alternative : vaincre ou mourir. Les éléments du groupe de reconnaissance SS se replient alors sur les positions abandonnées pour colmater la brèche. L'ordre de tir arrive enfin. Warnick apprend alors par radio que les 14 panther de la 3e compagnie ont en face d'eux pas moins de 80 chars T-34 ! Ludwig ne perd pas de temps. Il ordonne à Scheibe d'engager le char russe le plus à gauche distant de 500m. Le premier tir est un coup au but. Mais déjà Zimmerer a rechargé le Kwk 42 et un second T-34 s'embrase. C'est alors que le ventilateur de tourelle qui sert à évacuer la fumée du canon tombe en panne. Ludwig ouvre la trappe de son tourelleau et Zimmerer fait de même avec l'écoutille arrière. Scheibe fait bien son travail. Il a déjà liquidé cinq chars russes et le Panther n'a toujours pas été repéré. Si : un T-34 pivote face au "335", présentant son blindage frontal pour constituer une cible plus petite. Il tire et son obus dresse un jeyser de terre devant le Panther. Mais déjà Scheibe a réagit. Il aligne le Russe et le Kwk 42 crache son perforant. Celui-ci vient frapper de plein fouet le T-34 sur sa circulaire de tourelle. Cette dernière, arrachée, voltige dans les airs. La tension est à son comble à l'intérieur du Panther. À son poste de pilotage, Warnick reçoit sur lui une douille vide de 75 mm. Les cinq chars russes rescapés tentent de contourner la ligne de résistance mais ils présentent leur flanc aux redoutables canons des Panther. Et c'est un carnage sous le tir tendu des Kwk 42.
Soudain un choc d'une rare violence. Le Panther a reçu un impact sur sa tourelle, côté chargeur. Tous les membres de l'équipage sont saufs, excepté Zimmerer  qui s'est évanoui. Ludwig ordonne alors à Warnick de remplacer le chargeur :

"Ludwig me crie en bas : "Heiner, tu dois faire maintenant l'e chargeur !" Je réponds : "J'ouvre maintenant la trappe de conducteur, ne tirez pas, je dois sortir dehors pour prendre place de chargeur !" On peut le comprendre, le changement se passe assez vite.

Warnick constate que Zimmerer saigne du nez. Il semble être comotionné. Mais pendant ce temps l'infanterie russe en a profité pour se rapprocher dangereusement.
Warnick recharge alors de Kwk 42, mais dans l'excitation du combat et stressé par l'approche des fantassins russes, il se trompe de munition et engage un obus explosif dans la culasse au lieu d'un perforant. Scheibe aligne un T-34 distant de 400m et c'est le miracle : emporté par sa formidable vitesse initiale, l'obus explosif perce le blindage de l'engin ennemi.
Zimmerer revient lentement à lui. Il n'est pas blessé, mais il se trouve en état de choc. Le chargeur reste recroquevillé dans un coin de la tourelle, derrière Warnick qui s'est adapté assez facilement à une tâche qui n'est pas la sienne en dépit d'un incident : il a oublié de retirer son laryngophone et a manqué de s'étrangler avec. Il portera encore des marques rouges quelques jours plus tard. Lorsque Ludwig lui crie de charger un perforant, une Panzergranate, Warnick se trompe et alimente le canon avec un nouvel obus explosif, une Sprenggranate. Ce dernier ricoche sur sa cible et va se perdre dans le ciel, ce qui vaut à Warnick un "savon" de son chef assorti d'un léger coup de pied. Scheibe en est alors néanmoins à son 8e T-34 détruit ce qui lui vaut les félicitations entousiastes de Ludwig :

"Prima Willi, das ist jetzt schon dein 8. Treffer !" (Bravo Willi, ça fait ton 8e coup au but)

À son poste, Warnick est suffoqué par la fumée des tirs. Soudain, Ludwig lui annonce que Scheibe doit engager l'infanterie ennemie à coup d'obus explosifs. Celle-ci est parvenue à distance de combat des Panther. On peut déjà entendre le halètement des MG-42 des fantassins SS. Wimmer prévient l'équipage du "335" que les Russes arrivent en masse droit vers leur blindé. Il faut les repousser à l'aide de la mitrailleuse coaxiale de tourelle. Warnick doit tirer en continu sur les fantassins ennemis.
De son côté, Scheibe poursuit le carnage des blindés ennemis. Il vise un autre T-34, mais l'obus explosif chargé par Warnick rate sa cible. L'obus suivant fait mouche : atteint dans la caisse, le char russe s'enbrase. C'est la 10e victoire du "335" depuis le début de l'engagement. Celui-ci s'intensifie. Les Panzerschützen entendent à présent distinctement les coups au but de leus voisins.
Scheibe demande à Warnick de recharger au plus vite le Kwk-42, mais pour atteindre les Panzergranaten, il faut à présent jeter dehors les douilles vides qui emcombrent le sol du compartiment de combat et bloquent l'accès aux rateliers arrières. Le tireur s'impatiente et s'énerve de ce contretemps. En fin de compte, Warnick parvient à recharger le canon du Panther avec un obus anti-char. C'est alors que Ludwig informe Scheibe qu'il a repéré au loin d'autres T-34 sur lesquels se sont aglutinés des fantassins russes. L'idée du Bordführer est simple : engager en priorité ces nouveaux venus pour causer le maximum de dégâts aux assaillants en tuant ou blessant l'infanterie d'accompagnement par ricochet ou projection.
Scheibe n'a malheureusement pas le temps de mettre en oeuvre le plan de son chef : le "335" est soudain secoué une seconde fois par un choc encore plus violent que le premier. Un T-34 a placé un coup au but. Par chance, le 76 mm est venu ricocher sur la partie supérieure du mantelet de tourelle, la Walzenblende avant d'aller se perdre dans les airs sur les arrières de l'alvéole. Déjà secoué par le premier impact ennemi, Zimmerer est littéralement tétanisé. Ses deux camarades lisent l'angoisse dans son regard. Ludwig lui parle et réussit à le calmer.
Warnick reprend son travail : jeter dehors les douilles vides afin de pouvoir alimenter le Kwk-42 en obus. Tout semble se passer à une vitesse folle, lorsqu'un troisième craquement secoue les 43 tonnes du Panther. Un projectile russe explose sur le train de roulement, pourtant protégé par l'alvéole. Tout voltige à l'intérieur de l'habitacle. À peine remis de ce nouveau choc, Warnick réalise qu'il ne reste plus que dix obus dans les rateliers. Il s'empresse d'avertir son chef, mais le bruit est tel qu'il doit se contenter de lui montrer ses dix doigts écartés : "dix obus".
Et après, la fin ...
C'est alors qu'Eilau, le radio, qui est jusqu'à là demeuré silencieux, avertit ses camarades. L'Untersturmführer Emmerling, Bordführer du "331", se signale par radio. il avertit Ludwig et ses hommes de vérouiller toutes les trappes, car l'infanterie ennemie est sur le point d'atteindre l'alvéole du blindé en panne. Dans quelques instants, les fantassins russes vont grimper sur le Panther, avec une intention évidente : le faire sauter. Impossible de s'enfuir. Ludwig et ses hommes referment précipitement leurs trappes. Il était temps. Déjà les semelles cloutées des Russes martellent le blindage du "335". Warnick et ses camarades attendent avec angoisse l'explosion qui les enverra tous dans l'autre monde, lorsque soudain, des chocs légers et des hurlements retentissent. Par les meurtrières, l'équipage aperçoit les fantassins ennemis qui abandonnent leur Panzer pour se mettre à l'abris. Que s'est-il passé ?
Emmerling et ses Panzerschützen ont immédiatement réalisé le danger mortel qui menaçait leurs camarades. L'Untersturmführer ondonne à son chargeur de nettoyer les flancs du "335" à grandes rafales de MG-34. Posément, celui-ci ouvre le feu et fauche les fantassins russes aglutinés sur le Panther immobilisé. Ces derniers n'insistent pas et prennent la fuite.
Soulagé, Warnick charge alors son dernier obus. Scheibe a tiré 25 obus explosifs et 20 obus anti-char. Il risque un coup d'oeil par la trappe arrière de tourelle et remarque que la nuit commence à tomber. La situation de l'équipage est loin d'être rassurante. Le "335" est isolé, sans munitions et l'infanterie ennemie grouille littéralement sur les avants du blindé. Eilau transmet un rapport au PC du bataillon. Le Sturmbannführer WeiB, commandant de la Panzer-Abteilung, donne à l'équipage l'ordre de saborder le Panther à l'aide des Sprengkapseln, les charges explosives embarquées à cet effet.

(à suivre très prochainement)

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L'Unterscharführer Ernst Barkmann à bord de la tourelle de son Panther D à l'été 1943. Né en 1919 dans une famille de fermiers du Schleswig-Holstein, en Allemagne du Nord, Barkmann s'engage en 1936 dans le régiment SS "Germania", composante des SS Verfügungstruppen (SS-VT), la future division "Das Reich". Il participe aux combats de l'unité en Pologne, en France et finalement en Russie à l'été 1941. Blessé, il est nommé instructeur auprès des volontaires néerlandais de la Waffen-SS. Au printemps 1942 il revient au front et obtient d'être muté dans les Panzertruppen, au sein de la SS "Das Reich" qui n'est alors qu'une division de Panzergrenadiere. Il est d'abord canonnier, puis prend le commandement d'un Panzer III lang (J à canon long de 50 mm mais dépourvu de Schürzen) avec le grade d'Unterschaführer (sergent). Il s'illustre durant les batailles de Kharkov, Bielgorod et bien sûr à Koursk où il participe au célèbre engagement de Prokhorovka. Décoré de l'insigne d'assaut des Panzer et des croix de fer de 2e et 1ère classe, il reçoit finalement le commandement d'un Panther D en août 1943. Jusqu'en janvier 1944, Barkmann va s'illustrer en remportant plus de cinquante victoires contre des chars de l'Armée rouge.

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Le Panther de Barkmann (2e de profil à partir de la droite ?). L'engin est sans conteste un Ausführung D. On remarque une nouveauté : le Panther est recouvert de Zimmerit, une pâte anti-magnétique à base de résine destinée à empécher la pose de mines aimantées par les fantassins ennemis. La Zimmerit a d'autres avantages car elle casse les grandes surfaces planes du Panther et évite les reflets et elle joue un rôle de régulateur thermique par temps chaud. L'application a ici été effectuée par les équipages, d'où l'impression de barbouillage. Rien à voir avec les applications en usine effectuées plus tard.
Il y a une contradiction au niveau des sources. Selon le site ci-dessous, Barkmann sert alors comme cannonier à bord du Panther du Bordführer Hargesheimer.
www.geocities.com/alkantolga/panzerace/photos.htm.
"As gunner of Alfred Hargesheimer's Panther.Courtesy Dale R. Ritter."
Toutefois, dans le N°21 de Batailles et blindés sur les as de la Panzerwaffe, il est écrit que Barkmann reçoit le commandement d'un Panzer III lang avant Koursk, donc avant l'arrivée des Panther. En p40 on lit même qu'il reçoit dès août 1943 le commandement d'un Panther D.

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Après la bataille de Normandie, l'Oberscharführer (adjudant) Barkmann est décoré de la Croix de chevalier, la Ritterkreutz.
Il est avéré qu'aucun des hommes des Panzer de la "Das Reich" n'a été impliqué dans les crimes de guerres commis par les unités d'infanterie de la division, comme la 3e compagnie du 4e Panzer Grenadiere Regiment "Der Führer" à Oradour sur Glane le 10 juin 1944. Barkmann sera fait prisonnier par les Britanniques à la fin de la guerre et aucun crime de guerre ne lui sera jamais reproché. Après sa libération il sera chef des pompiers de la ville de Kisdorf dont il deviendra le maire par la suite. Avec 82 victoires, il est aujourd'hui, à presque 90 ans, toujours considéré comme l'as des Panther.

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21 avril 2008

L'épreuve du feu

8 juillet 1943. Un message radio parvient à l'etat major soviétique. Depuis le mois d'avril, la Stavka, renseignée par le réseau d'espionnage Lucy,  est au courant des préparatifs allemands contre le saillant de Koursk. Au Kremlin, comme à la Wilhelmstrasse, on sait que le sort de la guerre va s'y jouer. Stalingrad n'était qu'un hors d'oeuvre. C'est dire si l'enjeu est important. Les soldats de l'Armée rouge ne se battent plus pour le communisme ou la révolution prolétarienne, non. C'est la Rodina, la mère-patrie qu'ils défendent pied à pied, comme des louves défendent leurs petits. Cela fait trois jours à présent que les Allemands ont lancé Citadelle. Leurs panzers déferlent sur les lignes de résistance. Si la progression est lente au Nord, le flanc sud du saillant donne de plus gros soucis aux Russes. Les lignes de défense tombent les unes après les autres sous les coups de boutoir des envahisseurs fascistes. En pointe, comme à leur habitude, les unités de la "Garde", les trois divisions de Panzergrenadiers du SS Panzerkorps de Hausser qui foncent devant elles comme un torrent que rien ne semble pouvoir arrêter. Dans les postes de commandements et les états-majors, la tension est extrême. Lorsque, brusquement, un message radio provoque la stupéfaction :

"L'ennemi a mis en oeuvre un nouveau char. Aspect assez semblable au "Tridsatchedverka" (T-34). Le tank est lourdement armé. Poids approximatif : 40 à 50 tonnes. Armement : probablement un Flak 88. Avons des pertes au combat dans un rayon de 2000 m".

Source : http://www.achtungpanzer.com/pz4.htm

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Les Panthers D de la 2e compagnie du bataillon 51 montent en ligne avant le déclenchement de l'Opération Citadelle, à l'été 1943. Pour l'Armée rouge, le choc de la rencontre avec les nouveaux chars allemands sera aussi rude et désagréable que celui des SS Wiking avec le T-34 en 1941.

Le message retarde car le baptême du feu du Panther a eu lieu trois jours plus tôt, dès le 5 juillet, premier jour de Citadelle. Les bataillons 51 et 52 ont été lancés à l'assaut des positions soviétiques pour ouvrir le passage aux unités de Panzer et d'infanterie. Surprise douloureuse pour les défenseurs russes. Comme l'existence du T-34, celle du Panther avait été gardée secrète par l'OKW.
Le message radio soviétique en dit long sur la panique éprouvée par les défenseurs et plus particulièrement par les équipages des chars de l'Armée rouge. Si le canon de 76 mm du T-34/76 s'avérait redoutable à l'été 1941, il donne d'inquétants signes de faiblesse par rapport aux nouvelles versions du Panzer III M et des Panzer IV G et H, tous équipés de Schürzen de tourelle et de caisse. Le blindage frontal espacé du Panzer III M, 50 mm d'acier séparé par un intervalle avec une plaque additionnelle de 20 mm présente une capacité de résistance aux projectiles équivalente à un blindage de 110 mm dépaisseur (le blindage frontal du Tiger I est de 100 mm).
Le canon de 76 mm russe est totalement inefficace contre les 80 mm de blindage frontal incliné du Panther D. Impossible de venir à bout en face-à face des nouveaux venus, de ces tueurs de la steppe qui peuvent être considérés -ironie du sort- comme les fils du T-34 revenus à Koursk commettre une sorte de vengeance paricide. Il est loin le temps où le T-34 dominait sans partage les immensités du front de l'Est. En ce 5 juillet 1943, la peur a changé de camp, et ce sont les chars soviétiques qui s'embrasent et explosent les uns après les autres sous les tirs tendus des Kwk 42 manoeuvrés par les hommes en noirs aux revers frappés de la Totenkopf qui répandent la mort et la destruction.

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Un T-34 détruit sur le champ de bataille de Koursk. Rien ne prouve que c'est l'oeuvre d'un Panther, mais ce genre de spectacle a pu être contemplé maintes fois par les équipages des bataillons 51 et 52, au moins le 5 juillet. Selon les critères allemands, pour qu'un blindé ennemi soit considéré comme détruit il fallait : 1) soit qu'il explose. 2) soit que la tourelle soit arrachée. 3) soit qu'il brûle. C'est le cas ici et le tube d'un canon allemand pourra s'orner d'un cercle blanc de victoire. À moins que ce ne soit un Panzerjäger de l'infanterie qui ait détruit ce char avec une mine magnétique ou un cocktail molotov, comme dans le film Stalingrad de Joseph Vilsmaier (1992).
Voici un lien vers un extrait du film qui montre un combat antichar. Les Allemands diposent d'un seul Pak 40 de 75 mm face à plusieurs T-35/85 (qui n'était pas encore en service au moment de Stalingrad).
http://www.youtube.com/watch?v=7kb44SUcSd0
Voici le trailer de cet excellent film. Bande annonce en VO non sous-titré.
http://www.youtube.com/watch?v=b1kXl4m3Hj4

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Un panther D détruit. Ce ne fut le sort que d'un petit nombre des engins de ce type engagés à Koursk. On distingue ici nettement plusieurs impacts sur le flanc de la tourelle, rendu vulnérable par la faible épaisseur du blindage (40 mm). Il y a six impacts et on en distingue un septième au-dessus de la 4e roue de route depuis l'avant, et même un huitième sur la sixième roue. Ce chiffre s'explique par la peur inspirée par le Panther aux tankistes et aux servants des canons anti-chars ennemis. Très vite ceux-ci prendont l'habitude de s'acharner sur les Panthers pour être sûrs de les détruire, comme en témoigne un film plus tardif tourné sur le front de l'Ouest au printemps 1945.

Le panther va répandre aussi la panique. Aucun blindage ne résiste aux obus de 75 mm que tire son canon. Les Panzerschützen peuvent théoriquement engager leurs adversaires jusqu'à 2000 m. Les effets des tirs du 75 mm KWk 42 sont dévastateurs jusqu'à 1000m, distance en dessous de laquelle le blindage frontal incliné du T-34/76 est percé à coup sûr. Pour les tankistes russes, aucun doute n'est permis : les Allemands ont réussi à monter le redoutable canon de 88 mm Flak sur un Panzer. La pièce allemande  de 75 mm à haute vitesse intiale s'avère aussi redoutable que le 88 mm du Tiger I, même si ce dernier peut engager des cibles jusqu'à 3000 m.
Toutefois le choc causé par l'entrée en scène du Panther sera de courte durée. L'un des adversaires du plan Citadelle, le général Guderian, avait déclaré à Hitler qu'il était trop tôt pour engager le Panther sur le front. Il avait précisé que le nouveau char n'était pas encore prêt. Les événements vont lui donner raison. L'histoire du Panther pendant la bataille de Koursk n'est pas celle d'une chevauchée des Panzers dans les lignes ennemis, mais bel et bien une longue litanie de problèmes mécaniques. Le petit dernier des blindés de la Panzerwaffe va en effet être affligé de "maladies de jeunesses", corrolaire d'une mise au point trop rapide effectuée dans l'urgence. Toute la solidité du blindage incliné et toute la puissance du Kwk 42 ne pourront rien contre les insuffisances mécaniques de la motorisation et des transmissions.

"Je vais te dire, mon vieux, nos "Panthères" ne sont même pas au point.
-Tu exagères.
-Pas du tout. Nous on sortait de l'école de Paderborn et nos "Panthères" tout droit de l'usine. On n'a même pas eu le temps de faire connaissance. Au début, des flammes de plus d'un mètre sortaient des pots d'échappement. Tout était plein d'huile et d'essence. Nous aussi, maculés de cambouis. Une étincelle et tout flambait, le Panzer et l'équipage".
                                          Jean Mabire, Les Panzers de la Garde noire.

Les souces établissent que sur les 200 Panther D alignés par les bataillons 51 et 52 seul un petit nombre participera à l'ensemble de la bataille de Koursk. Dès le soir du 5 juillet 1943, 65 % des Panther D sont hors de combat, la quasi-totalité sur problème mécanique. Pire : plusieurs d'entre eux sont tombés en panne pendant qu'ils gagnaient les positions de départ dans les jours précédant le 5 juillet. Le nouveau blindé souffre de maladies de jeunesse qui se sont manifestées très vite et qui n'ont pas été remarquées plus tôt suite à des test écourtés. Les premiers exemplaires sortis de chaînes de montage en novembre 1942 avaient déjà dû être tous reconduits en usine pour y être réparés. Les roues du Panther ont des bandages de caouthchouc, fixés par 16 boulons, qui tendent à se détacher. Le nombre de boulons est porté à 24.
Il y a plus préoccupant, et c'est là le premier talon d'Achile du Panther D : le moteur.Comme indiqué dans un chapitre précédent, le moteur d'origine du projet MAN a été remplacé par un autre, plus puissant, le Maybach HL 230 P30 à 12 cylindres et refroidissement par eau, qui développe une puissance maximum de 700 CV. Le problème du refroidissement du moteur semble résulter de l'installation d'un système de chauffage de l'habitacle. Celui-ci s'effectue à l'aide d'un ventilateur qui aspire l'air extérieur à travers le radiateur gauche. Cet air est ensuite pulsé dans une canalisation jusqu'au compartiment de combat. C'est cette installation qui empêche le refroidissement correct des gaz d'échappement et génère des surchauffes du moteur entraînant des pannes fréquentes, voire même des incendies.
Le second problème est lié à la transmission. Malgré l'accroissement de la puissance du moteur, cette dernière n'a pas été modifiée. Elle est donc sous-dimensionnée et peut se rompre brusquement à plein régime, ce qui arrivera fréquement, non seulement à Koursk, mais sur d'autres champs de bataille.

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Ce Panther est encore en cours de construction. La photographie met en évidence les barres de torsion de la suspension, mais surtout, l'arbre de transmission et l'impressionnante boîte de vitesse qui coupe en deux le compartiment de combat avant entre les postes du pilote et du radio. C'est une boîte ZF AK 7-200 à sept rapports avant et un arrière. Il ne s'agit pas d'un Panther D : la trappe de vision du pilote à gauche et la Kugelblende (rotule de tir) à droite permettent d'identifier à coup sûr un Panther A 2e version.

Les opérations de dépannage qui se déroulent sous le feu de l'ennemi sont encore compliquées par les 44,8 tonnes du Panther. Il existe bien de remarquables tracteurs Demag SdKFZ 9 dotés d'une grue de remorquage, mais ces derniers ont été prévus pour prendre en charge au grand maximum les 25 tonnes d'un Panzer IV. Pour tracter la masse imposante du Panther, il faut deux, voire trois Demag. Les ateliers mécaniques sont débordés par le travail et la récupération des engins en panne est lente, ainsi qu'en témoigne le rapport de l'Oberstleutnant Mildebrath, commandant le II./Panzer Regiment 23, une unité de la Heer arrivée début septembre en Russie avec 96 Panther D de renfort :
"Comme nous n'avons reçu que quatre tracteurs lourds Zugkraftwagen 18 tonnes, nous ne pouvons pas prendre en remorque tous les chars en panne et il faut souvent les tracter avec des Panther réparés. Le nombre de chars opérationnels serait bien supérieur si nous disposions de plus de tracteurs Zugkraftwagen 18t. La plupart des Panther utilisés pour la traction sont à présent très gravement endommagés (moteur cassé, pannes hydrauliques, etc.)".
Source : Armes militaria Hors-Série N°67, Op. Cit., p45.

Ce rapport montre bien que les incidents mécaniques ayant touché les bataillons 51 et 52 pendant la bataille de Koursk on également pénalisé les unités de Panther D arrivées par la suite au Front.

Certains Panther D ne pourront pas être réparés dans les temps et seront sabordés par les équipages.
D'autres enfin seront capturés intact par l'armée rouge qui lance une vigoureuse contre-offensive après l'échec de Citadelle.

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Trois tracteurs tirent un Panther en panne. L'expérience apprendra aux équipage que la meilleure solution pour dépanner des camarades sera de faire tirer un panther par un autre, bien que cette manoeuvre soit strictement interdite par les règlements en vigueur au sein des forces armées du Reich.

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Ce panther D, qui semble avoir été capturé intact, est examiné par les Soviétiques.

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Des soldats de l'Armée rouge en progression à côté de l'épave d'un Panther D. Sans doute une photographie de propagande. Vu l'importance des dégats il est plus que probable que cet exemplaire ait été sabordé par son équipage : même le tube du Kwk 42 a été sectionné.

(L'article sera complété très prochainement).

Sources :
KEEGAN John [dir] : Atlas de la Seconde Guerre mondiale, France Loisirs, Larousse 1990.
MASSON Philippe, Histoire de l'Armée allemande, Perrin, 1994.
LEMAY Benoît Op. Cit.
TNT N°2 Op.Cit.

19 avril 2008

Ansatz Zitadelle (Opération citadelle)

Juin 1943. L'état major allemand achève de mettre au point le plan de bataille de la grande offensive d'été. Celle-ci aura pour objectif le saillant de Koursk. Ce sera l'opération "Citadelle".

Après la désastre de Stalingrad, les forces de l'Axe se sont reprises. Le maréchal von Manstein, commandant du groupe d'armée du Don, parvient à stabiliser le front en mettant en oeuvre une habile stratégie combinant la retraite suivie d'un mouvement d'attaque-retour. Il laisse les unités soviétiques enivrées par leur récente victoire s'enfoncer loin en avant sur les arrières des troupes allemandes et étirer considérablement leurs lignes de ravitaillement jusqu'à la rupture. Les unités blindées de l'armée rouge, épuisées, à court de carburant et de munitions, sont alors coupées de leurs arrières par un mouvement tournant qui les prend au piège. Manstein lance alors ses forces à l'offensive et stabilise le front fin mars 1943. C'est durant cette phase des opérations qu'intervient une nouvelle unité : le SS Panzerkorps du général Paul Hausser. Ce corps blindé SS, composé des trois premières divisions de la "garde" (Leibstandarte Adolf Hitler, Das Reich et Totenkopf) et renforcé par la division Grossdeutschland de la Heer, s'illustre en reprenant à l'aide de ses panzers la ville ukrainienne de Kharkov.

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Le Feld-Marschall Erich von Manstein-Lewinski, commandant le Groupe d'armées du Don qui tient l'Ukraine à l'hiver 1942-1943 reçoit la visite du Führer. Paradoxe, car Manstein est loin d'incarner l'idéal racial du Grand Reich. Il est en effet considéré par les services de sécurité de l'Etat nazi comme un "Mischlinge" (sang-mêlé) en raison d'une ascendance juive partielle qui, selon les lois de Nuremberg de 1935 lui autorise l'accès à l'Offizierkorps de la Wehrmacht mais lui aurait fermé celui à l'Ordre noir SS. Cela agace considérablement un bon nombre de dignitaires de l'armée et du régime, d'autant plus que l'intéressé semble prendre un malin plaisir à rappeler les origines hébraïques supposées d'une partie de ses ancêtres (selon lui, Lewinski viendrait du patronyme Levi). Manstein est allé plus loin puisqu'il n'a pas hésité à protester contre le limogeage des officiers juifs de l'armée allemande après la prise du pouvoir par le NSDAP, ce qui ne l'empêchera pas par la suite de cautionner les opérations d'extermination commises par les Einsatzgruppen sur les arrières du groupe d'armée du Don. Le Feld-Marschall ne pouvait ignorer ni les opérations de la "solution finale par balles", ni l'existence des camps d'extermination qui lui avait été révélée par son aide de camp. Notre homme est un fin stratège. Il est l'auteur du plan d'invasion qui a mis la France à genoux en six semaines au printemps 1940, ce dont il ne sera guère récompensé. La guerre à l'Est va lui offrir un théatre d'opération à la mesure de son génie. Les vastes espaces de Russie et d'Ukraine lui permettent de mettre en oeuvre sa stratégie défensive où les retraites alternent avec des offensives-retour dévastatrices. Stratégie efficace mais qui fait bon marché des ordres d'Hitler de ne pas reculer. Ses divergences de vues avec l'OKW et le Führer font de lui un suspect, tout comme ses demandes répétées d'être nommé commandant en chef du front de l'Est. Il est brutalement limogé et mis en retraite anticipée au printemps 1944.
Source:
LEMAY Benoît, Erich von Manstein, le stratège de Hitler, Perrin, 2006.

La majeure partie des forces soviétiques est parvenue à échapper au piège de Manstein. Les unités composant le Front (groupe d'armée soviétique) de Voronej ont opéré une habile retraite et se sont positionnées face au sud, sur le flanc méridional du saillant de Koursk. Il s'agit d'un vaste espace de 150 km sur 100, tenu par l'armée rouge et qui s'enfonce à l'intérieur des lignes allemandes. L'OKW (etat-major suprême de la Wehrmacht) décide de liquider ce saillant pour racourcir le front tenu par des divisions allemandes épuisées.

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Fin mars 1943, le front allemand est rétabli, mais l'Armée rouge tient toujours le gigantesque saillant de Koursk, au milieu de l'image.

L'attaque allemande est sans cesse retardée suite aux hésitations d'Hitler ainsi qu'à la volonté de l'état-major de renforcer le potentiel offensif des unités allemandes, grâce notamment à l'entrée en scène des nouveaux chars Tiger et Panthers.
L'armée rouge a eu tout le temps de renforcer ses positions et de concentrer sur les flancs du saillant des troupes fraîches et de l'artillerie. Sur les arrières, la 5e armée blindée de la Garde se tient en réserve stratégique. Koursk sera plus qu'une simple bataille. Ce sera le choc des titans.

L'idée d'une grande offensive est soutenue par le maréchal Keitel, chef de l'OKW et par Manstein. Guderian quant à lui s'y oppose, en vain.
Le plan de l'OKW est simple : la 9e armée du maréchal Model attaquera le flanc nord du saillant. Le flanc sud sera attaqué par la IVe Panzerarmee du général Hoth, à laquelle seront rattachés les bataillons de Panthers 51 et 52, ainsi que le SS Panzerkorps. Les deux pinces de la tenaille doivent se rejoindre à Koursk. L'OKW espère ainsi, selon les termes du général SS Hausser, "casser 40% du potentiel offensif de l'armée rouge".

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Le plan de bataille de l'opération "Citadelle" : Model attaque au Nord et Hoth au Sud. La carte montre l'avance maximale des troupes allemandes qui auraient dû fondre sur Koursk.

17 avril 2008

La première unité

Dès la sortie de l'usine les premiers Panthers D furent affectés à une unité de panzer de la Heer : le Panzer Regiment von Lauchert, sorte de Kampfgruppe blindé rattaché à l'etat-major 39e Panzer Regiment. Il est souvent confondu à tort avec l'ensemble du Panzer Regiment 39.

Une petite explication est ici nécessaire.
À l'origine le Panzer Regiment 39 de la Heer est l'unité blindée de la 17e Panzerdivision qui dépend elle-même de la 1ère Panzerarmee. C'est un régiment blindé non conforme au modèle de la Panzerdivision 1943 : un état-major et deux Panzerabteilungen (bataillons blindés). Le premier étant équipé de Panzer IV, le second disposant quant à lui de Panzer III. En fait la 17e Panzerdivision n'a plus que sa IIe Panzerabteilung en mars 1943. Curieusement, l'article de Wikipedia consacré à cette division mentionne la présence d'un Ier bataillon blindé en mars 1943, ce qui est infirmé par le passage suivant du site lexikon-der-wehrmacht :

"Am 19. Juni 1942 wurde die I. Abteilung zur Panzer-Abteilung 129 umbenannt und damit an die 29. Infanterie-Division (motorisiert) abgegeben. Das Regiment bestand danach nur noch aus dem Stab und der II. Abteilung, die sich in 4 Kompanien gliederte. Im Sommer 1943 wurde der Regimentsstab zur Führung der Panzer-Abteilungen 51 und 52 bei der 10. Panzer-Brigade eingesetzt".
source: http://www.lexikon-der-wehrmacht.de/Gliederungen/Panzerregimenter/PR39-R.htm

Ce n'est pas à la 17e Panzerdivision que sont affectés les 200 premiers Panthers, ni même au Panzer Regiment 39. Ce dernier est fractionné. Son second bataillon reste à disposition de la 17e Panzer, qui se trouve réduite, par la force des choses, à une simple Panzergrenadieredivision. L'état-major régimentaire est affecté à la 10e Panzerbrigade, créée en juin 1943,  pour former le Panzer Regiment von Lauchert qui doit prendre en charge les Panthers. Ceux-ci sont organisés en deux bataillons spéciaux numérotés 51 et 52, et non pas I et II, comme c'est l'usage au sein des Panzerdivisionen.
Le bataillon 51 est issu du IIe bataillon blindé du Panzer Regiment 33.
Le bataillon 52 a été formé à partir du Ier bataillon blindé du Panzer Regiment 15.

Les bataillons 51 et 52 comptent 96 Panthers chacun, plus huit à l'etat-major régimentaire, soit 200 exemplaires du nouveau char. Une impressionante force de frappe destinée à renforcer la IVe Panzerarmee du général Hoth sur le flanc sud du saillant de Koursk.

Sources:
http://fr.wikipedia.org/wiki/17e_Panzerdivision
http://www.lexikon-der-wehrmacht.de/Gliederungen/Panzerregimenter/PR39-R.htm
http://www.lexikon-der-wehrmacht.de/Gliederungen/PanzerAbt/PanzerAbt51-R.htm
http://www.lexikon-der-wehrmacht.de/Gliederungen/Panzerregimenter/PR33-R.htm
http://www.lexikon-der-wehrmacht.de/Gliederungen/PanzerAbt/PanzerAbt52-R.htm
http://www.lexikon-der-wehrmacht.de/Gliederungen/PanzerBrig/PzBrig10-R.htm

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Ci-dessus : Une compagnie de Panthers. Probablement sur un terrain de manoeuvre. On notera les lance-pots fumigènes ajoutés sur les flancs de chaque tourelle.

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Ci-dessus : des Panthers D sur les wagons qui les amènent au front de l'Est. Le poids du nouveau blindé rendra très vite nécessaire l'emploi de wagons à grande résistance.

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Un Panther D du 51e bataillon du Panzer Regiment von Lauchert, 10e Panzerbrigade. Une modification a été apportée : les flancs de la caisse au-dessus du train de roulement ont été protégés à l'aide Schürzen. Ces plaques métaliques jouent le rôle de blindage espacé destiné à faire exploser prématurement les obus adverses. La plaque supplémentaire est détruite, pas le blindage principal, ce qui donne une seconde chance à l'équipage pour peu que ce dernier ait le réflèxe -et la possibilité- de présenter son blindage frontal dans la direction d'où est venu le tir.

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Panther D du 52e bataillon du Panzer Regiment von Lauchert. Celui-ci n'a pas été équipé de Schürzen.

Une dernière précision doit être apportée une fois pour toute : aucune unité SS engagée dans la bataille de Koursk en juillet 1943 n'était équipée de Panthers. Les premiers Waffen-SS à recevoir le nouveau blindé seront ceux du 2e SS Panzer Regiment de la division "Das Reich". Le Ier bataillon ce régiment n'arrivera sur le front que fin août 1943, donc après Koursk.
Jean Mabire oublie de le préciser dans son ouvrage Les Panzers de la garde noire, lorsqu'il relate l'arrivée d'un bataillon de Panthers au sein du régiment blindé de la Leibstandarte Adolf Hitler. Les "grands gaillards" de Sepp Dietrich ont été dotés du nouveau char après leurs camarades de la Das Reich. Le Hors-série N°67 d'Armes militaria, Eté 1943, Après Koursk, 1. Repli sur le Dniepr le confirme p45 en légende d'une photographie : "Pendant la bataille de Koursk, seules deux unités de la Heer possédaient des Panther. Le I./SS-Pz-Rgt 2 et ses 71 Panther arrive au front en août 1943. L'unité SS suivante qui percevra des Panther sur le front de l'Est sera la 1.SS-Panzerdivision LSSAH, de retour d'Italie, avec 96 Panther, en novembre 1943". Le fait que la "Das Reich" ait été la première division de la "Garde" à recevoir des Panther est confirmé par le N°247 de 39/45 magazine de juillet-août 2007, p28 : "La I./SS-Panzer-Regiment 2 "Das Reich" est la première unité de Panther de la Waffen-SS à être opérationnelle fin août 1943".

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Le légendaire SS Obergruppenführer Sepp Dietrich, commandant la 1ère SS Panzergrenadieredivision "Leibstandarte Adolf Hitler" passe en revue ses Panzerchützen. Les blindés sont des Panzer IV, vraissemblablement des modèles G équipés de canons de 75 mm longs, mais dépourvus de Schürzen. La "Garde" devra patienter quelques mois pour toucher ses premiers Panthers.

17 avril 2008

Production en série

Le premier modèle de série du Panther sort des usines le 11 janvier 1943. 250 autres ont été commandés et sont attendus pour le 12 mai suivant.

Quatre firmes sont impliquées dans la fabrication du Panther D :  MAN,MNH (Maschinenfabrik Niedersachsen Hannover), Daimler-Benz et Henschel.

Ci-dessous : deux étapes de la fabrication de la caisse du Panther. Les lieux et les dates me sont inconnus. L'engin sur la photographie du bas est sans conteste un Ausführung D, cela se voit à la meurtrière du glâcis avant. Impossible en revanche d'établir s'il recevra une tourelle D ou A.

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Ci-dessus : une étape importante : la mise en place des chenilles. Larges, ces dernières sont concues pour éviter au maximum l'embourbement sur les mauvaises routes de l'Est. À première vue, la couleur rougeâtre semble être de la peinture anti-rouille. Ce n'est en aucun cas de la Zimmerit.

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Ci-dessus : Une chaîne de montage de Panthers. Lieu et date inconnus.

Le Panther a pris du poids au cours de son développement. Les 35 tonnes initialement prévues par le Heereswaffenamt sont passées à 45. Le moteur Maybach HL210 P45 se révèle alors insuffisant, tout comme la transmission. Il faut alors le remplacer par un nouveau modèle mis au point par les ingénieurs de Maybach : le HL230 P30, dont les douze cylindres présentent un plus gros diamètre. La nouvelle motorisation développe une puissance de 650 CV à 3000 tours/minute, ce qui confère au Panther un rapport poids/puissance de l'ordre de 15,5 CV/tonne. Néanmoins la mise au point du nouveau moteur s'est faite dans l'urgence, ce qui ne manquera pas d'avoir des conséquences fâcheuses lors du baptême du feu du blindé.

Pour approfondir, voici un site particulièrement riche en informations :
http://pagesperso-orange.fr/did.panzer/PzV.html

Un autre site avec quelques bonnes photographies du Panther D. Un bémol : il est en polonais :
http://www.panzer.punkt.pl/artykuly/panther_d/panther_erste_einsatz.htm

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Ci-dessus : La première série du Panther vient de quitter la chaîne de montage. Sur l'exemplaire de droite, on distingue nettement la trappe latérale de tourelle destinée à l'évacuation des douilles. On devine plus qu'on ne voit la trappe arrière de tourelle, celle du chargeur. Un des défauts de la cuirasse.

Une anecdote mérite ici d'être relatée. Il semble qu'en 1943 un exemplaire du Panther D a été vendu au Japon par les Allemands, ainsi qu'un exemplaire du Tiger I. Ni l'un ni l'autre ne furent livrés à cause des mauvaises communications entre les deux pays. L'armée japonaise ne put donc pas disposer d'un char suffisament performant pour faire jeu égal avec les "Sherman" de l' US Marines Corp dans le Pacifique. Avec le recul, on peut imaginer ce qu'aurait donné le Panther entre les mains des Japonais en Mandchourie en août 1945 face à l'Armée rouge.

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Ci-dessus, un groupe d'officiers et de diplomates, tant allemands que japonais. La photographie a été prise dans une usine Henschel. L'un des personnages est l'attaché militaire japonais en Allemagne, le colonel Ioshida. La photographie et ces informations proviennent de ce site :
http://www.achtungpanzer.com/pz4.htm

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17 avril 2008

Le projet MAN

Le second projet est réalisé par la firme bavaroise Maschinenfabrik Augsburg Nürnberg (MAN).

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Le prototype MAN est lui aussi désigné VK.3002. Pour le différencier de son rival de la firme Daimler-Benz, nous l'appellerons ici le projet MAN, bien que cette appellation n'ait rien d'officiel. On notera les bidons d'essence supplémentaires fixés à l'arrière de la caisse à la manière russe. Ils sont enlevés avant un engagement au combat. Ce système ne semble pas avoir été très souvent utilisé sur Panther. Une photographie atteste la présence de semblables bidons sur un Panzer IV de la division Das Reich en juin 1944.

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Le prototype du projet MAN. Ce n'est pas encore véritablement un Panther car le dessin de la tourelle est différent. On remarque en particulier la base cylindrique du tourelleau qui dépasse largement sur le flanc gauche de la tourelle, comme plus tard sur le Tiger II.

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Le projet MAN, ici dépourvu du matériel d'entretien sur les flancs de la caisse, mais avec des lance-pots fumigènes de tourelle. Il s'agit en fait déjà d'un exemplaire de série ou Panther D.

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L'un des tout premiers exemplaires du Panther D. On notera quelques-unes des caractéristiques de cette version : galets à 16 boulons, prolongements des gardes-boue avant, meurtrière et deux épiscopes pour le radio, trappe de visée du pilote, ouvertures latérales de tourelle, tourelleau ancien type à meurtrières. Sur les flancs, une partie du matériel d'entretien. À l'avant, des outils. À l'arrière, trois paires d'éléments de chenille. Le long cylindre au milieu contient l'écouvillon de nettoyage du canon Kwk 42 L70.

Si le cahier des charges défini par le Heereswaffenamt a été respecté -à l'exception du poids qui frôle tout de même les 45 tonnes-, le deuxième engin est loin d'être une copie ou même une extrapolation du T-34. Dans l'ensemble le projet MAN est plus allemand que soviétique. Il s'agit d'un char très sophistiqué pour l'époque, voire révolutionnaire par rapport à ses prédécesseurs au sein de la Panzerwaffe.

Rien à voir avec les chaînes étroites des Panzer III et IV : le train de roulement du nouveau venu repose sur de larges chenilles plus adaptées aux espaces boueux de Russie ou d'Ukraine. La caisse du projet MAN est plus élevée que celle du VK.3002, à cause de la suspension à barres de torsion, plus coûteuse à produire, mais d'un entretien plus simple, contrairement à celle du VK.3002 qui nécéssite un démontage complet pour toute réparation ! Le train de roulement est constitué de roues de route entrelacées, huit de chaque côté. Les barbotins sont placés à l'avant. tous deux sont entraînés par un puissant moteur Maybach HL 210 à essence 12 cylindres, qui présente l'avantage d'être déjà prêt pour une production en série. Le moteur permet en outre l'immersion du blindé qui est donc submersible sans préparation. Le char affiche en outre d'excellentes capacités de franchissement.

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Le Panther D affiche des capacités de déplacement nettement supérieures à celles des autres blindés allemands.

Le char lui-même est nettement plus confortable que le T-34, même si le compartiment de combat demeure exigu. La tourelle est large, placée en retrait sur la caisse afin de mieux équilibrer le canon. Cette disposition permet également d'aménager deux trappes pivotantes pour le pilote et le radio qui prennent place en caisse. La tourelle est manoeuvrée par les trois hommes restants : le Bordführer (chef de char), le tireur et le chargeur.

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Plan de la tourelle du Panther réalisée après le conflit par le ministère de la guerre français. Il s'agit ici d'une tourelle D identifiable au tourelleau à meurtrières et non à épiscopes. Le croquis du bas met en évidence la position des trois occupants de la tourelle. En bas à gauche : le tireur. Juste derrière lui se trouve le siège du chef de char, le Bordführer, placé juste en-dessous du tourelleau. En haut, sur la droite de la tourelle, le siège du chargeur.

L'armement principal reste l'impressionnant canon Kwk 42, de 75 mm en 70 calibre, dont la longueur autorise des vitesses initiales particulièrement élevées à la sortie du tube. Une arme redoutable qui se révèlera aussi efficace que le 88 mm du Tigre I et qui sonnera le glas de la suprématie incontestée du T-34.

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La culasse du Kwk 42. Au fond à droite on distingue l'ouverture pour la mitrailleuse coaxiale MG-34 en calibre 7,92 mm.

L'armement secondaire est composé de deux mitrailleuses légères MG-34. La première est en tourelle, coaxiale, placée sur la droite du canon. L'autre est mise en oeuvre par le radio. Assez bizarement le projet MAN présente ici une régression par rapport à ses prédécesseurs car les Panzer III et IV disposent d'une rotule de tir à l'avant de la caisse. Le radio du projet MAN doit faire passer le canon de son arme par une meurtrière verticale qui l'expose à une éventuelle riposte de l'infanterie ennemie.

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Ci-dessus : Un panther D, version finale du projet MAN. Cet exemplaire est enrégimenté, comme le montrent clairement les chiffres sur le flanc de la tourelle, à lire de droite à gauche : 3e char, 3e section, 4e compagnie. L'engin est vraisemblablement en service au sein du premier bataillon d'un Panzerregiment.

Au niveau de la protection, le projet MAN présente des surfaces profilées. Là encore, plus rien à voir avec les modèles de chars précédents : les 80mm du blindage frontal sont inclinés à 55°. Cette partie du char est la plus exposée : statistiquement elle encaisse 78% des coups adverses. On retrouve une protection inclinée sur les flancs : 40mm à 40°. Enfin, la tourelle elle-même est dotées d'un bouclier, un mantelet de canon incurvé de 100mm monté sur un blindage frontal de 110 mm, incliné à 12°. Les flancs de la tourelle sont épais de 45mm et inclinés à 25°.

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La tourelle est donc bien plus protégées que celle des anciens modèles, mais elle présente un certain nombre de points faibles : les trappes et ouvertures. Sur l'arrière a été aménagée une trappe d'évacuation pour le chargeur, trop mince pour résister à un tir adverse. De même, si la trappe du chef de char ne risque pas d'encaisser un coup direct, elle reste très vulnérable à un tir d'artillerie indirect, comme le toit du blindé. Par ailleur le bouclier de tourelle incurvé dévie parfaitement les tirs ennemis, mais il peut se révéler dangereux en déviant certains de ceux-ci vers le bas, donc vers les trappes du pilote ou du radio, entraînant ainsi la mise hors de combat du char. La trappe d'évacuation du chargeur constitue néanmoins un bon atout pour la survie de l'équipage. Placée à l'arrière, elle a moins de chance d'être exposée au feu adverse et permet aux Panzerschützen d'évacuer un char touché sans être vulnérables. À condition bien sûr d'en avoir le temps, ce qui sera trop souvent loin d'être le cas. Paradoxalement, le concept de la trappe de sortie sur l'arrière du char sera repris quelques décennies plus tard sur ... le Merkava israélien.

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Ci-dessus : bonne vue du train de roulement et du glâcis avant du Panther D. La trappe latérale de chargement est entrouverte. On notera aussi le bouclier de tourelle incurvé : celui-ci n'empêche pas un éventuel ricochet d'obus vers le toit de la caisse où les trappes du pilote et du radio dont particulièrement vulnérables.

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Cette photographie met en évidence le train de roulement composé de huit roues entrelacées. Les barbotins sont à l'avant. On notera l'inclinaison du blindage fontal de la caisse, le bouclier de tourelle incurvé ainsi que l'impressionnante volée du Kwk 42.

Le projet MAN n'en constitue pas moins une réplique cinglante au T-34. Bien qu'Hitler ait décidé de lancer la fabrication en série du VK.3002, c'est bel et bien son challenger qui emportera la compétition. En mai 1942, le projet MAN est adopté et une commande de présérie est passée. La commande des 200 VK.3002 est quant à elle purement et simplement annulée.

Le projet MAN produit en série prend alors son nom officiel de SdKFZ 171 Panzerkampfwagen V "Panther" Ausführung D, en abrégé Panzer V Panther D.

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Le Panther D présente une silhouette légèrement différente des celle du prototype MAN.

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Un hybride : caisse de Panther D et tourelle de Panzer IV. Une illustration qui demande confirmation par d'autres sources.
Existence confirmée par steel masters n 14 bimestriel avril mai 1996 (merci Steiner).

13 avril 2008

Daimler-Benz VK.3002

La comparaison des deux croquis ci-dessous ne laisse planer aucun doute. Le VK3002 est en fait une réplique du T-34, pour ce qui est de la silhouette générale.

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En haut : le T-34/76. En bas, le VK.3002

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Le VK.3002 est un engin réussi qui présente un bon potentiel évolutif. Il pèse 30 tonnes et est équipé d'un canon de 75 mm de 48. calibre. Il y a un faible encombrement intérieur du fait de la compacité des équipements. En outre la suspension à ressorts en lames est très économique à fabriquer. Toutefois la tourelle positionnée très en avant sur le châssi oblige les concepteurs à placer le siège du conducteur dans le panier de tourelle. Il dirige son engin à l'aide d'un système de commandes hydrauliques à distance.
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Cette vue du châssi du VK.3002, probablement prise après la chute du Reich, met en évidence la position très avancée de la tourelle. La ressemblance avec le T-34 est flagrante.


En outre, le moteur MB507 qui doit propulser le futur Panzer n'existe encore qu'à l'état de projet.
200 exemplaires seront commandés en avril 1942, sur intervention personnelle d'Adolf Hitler, mais le contrat sera finalement annulé au profit du secont prototype, celui de la firme MAN.

13 avril 2008

Mise au point

Le travail de la commission, arrivée au front le 20 novembre 1941, aboutit finalement à une suggestion pour le moins originale : copier dans les grandes lignes le T-34 et en produire une version allemande. Cette option s'avère toutefois impossible à mettre en oeuvre en raison du manque de matières premières qui se fait (dèjà !) sentir en Allemagne, en particulier en ce qui concerne l'aluminium, indispensable à la production des moteurs du char russe.

On se contentera donc de s'inspirer du T-34 en reprenant surtout le concept du blindage incliné à l'avant. Le prototype devra être un engin de 35 tonnes.
Dès le 25 novembre 1941, cinq jours à peine après l'arrivée de la commission sur le front, le Heereswaffenamt, bureau d'armement de l'armée passe commande aux firmes Man et Daimler-Benz (Mercedes) d'un prototype de char moyen de 30 à 35 tonnes. Le prototype doit être prêt pour le printemps 1942. Outre la masse, trois caractéristiques sont spécifiées dans le contrat :
- Blindage frontal incliné.
-Grandes roues stabilisant l'engin.
-Long canon autorisant une grande vitesse intitiale pour les projectiles qui disposent ainsi d'une forte puissance antichar.

Le premier projet est celui de Daimler-Benz, le VK3002.

13 avril 2008

Au commencement ...

Le 22 juin 1941, les forces de l'Axe se lancent à l'assaut de l'URSS. Pour les hommes des Panzers ce n'est qu'une guerre éclair de plus. Ils vont pourtant très vite tomber sur un os, ou plutôt, sur un tueur aux aguets dont l'etat-major soviétique a réussi à garder l'existance secrète.

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Un T 34/76 modèle 1940. Un char révolutionnaire pour l'époque, à la pointe de la technologie des blindés. Mobile, rapide, disposant d'une mécanique fiable, simple d'emploi, il met en oeuvre un redoutable canon de 76 mm là où ses homologues allemands, les Panzer IIIE ne dépassent guère le 50 mm. Il présente également des surfaces profilées, notamment un glâcis avant incliné qui le rend presque invulnérable aux projectiles antichars ennemis. Seuls les Panzer IV peuvent espérer les détruire à l'aide de leur 75 mm court, mais avec difficulté.

t34trees

La seconde version du t 34/76, modèle 1941. Le masque du canon a été modifié.On notera la trape de tourelle unique, lourde à manipuler, mais surtout les larges chenilles qui permettent au T 34 de ne pas s'embourber dans les fondrières créées par les pluies dilluviennes de la "raspoutissa", la boue d'automne.

Source des illustrations: http://www.wargaming.net/tanks/MODELS/t3476_2.htm

Clips avec de nombreuses vues du T-34:
-http://www.youtube.com/watch?v=A6K0pS0u9CU
-http://www.youtube.com/watch?v=dM0C70cWNpg&feature=related

L'entrée en scène du T-34 est une surprise douloureuse qui contraint l'etat-major du Heer à réclamer la mise au point d'un nouvel engin capable de s'opposer victorieusement au tueur de l'Est.

Le "père des blindés, le général Guderian, témoigne de ce souci :

« De nombreux T-34 entrent en action et infligent de lourdes pertes aux chars allemands à Mzensk en 1941. Jusqu’à ce jour, nous jouissions d’une supériorité en matière de chars mais, à partir de là, la situation était renversée. […] Je fis un rapport sur cette situation, qui pour nous était nouvelle, et je l’envoyai au groupe d’armée. Dans ce document, je décrivais sans ambages la supériorité marquée du T-34 sur notre Panzer IV. […] Je terminais en demandant d’urgence l’envoi d’une commission sur mon secteur du front ; elle devait être constituée de représentants des services du matériel de l’Armée, de membres du ministère de l’armement, de concepteurs de chars et des firmes qui les assemblaient. Cette commission pouvait non seulement examiner les chars détruits sur le champ de bataille mais aussi être conseillée par les hommes qui les utilisaient sur tout ce qui devait être inclus dans la conception de nos nouveaux chars ».

Generalleutnant Heinz Guderian, Panzer Leader, publié après la guerre et cité dans le N°2 du magazine TNT (Trucks & Tanks magazine) de juin-juillet 2007.

13 avril 2008

Dans le vif du sujet

Bienvenue à tous les mordus d'histoire des blindés.

De tous les blindés allemands de la seconde guerre mondiale celui qui a ma préférence est de très loin le SdKFZ 171 Panzerkampfwagen V "Panther", char moyen entré en service en 1943 au sein de la Panzerwaffe et qui poursuivit sa carrière bien après le 8 mai 1945 puisqu'il fut utilisé quelques temps encore par plusieurs armées européennes, dont celle de la France.

http://www.youtube.com/watch?v=zgqoBKyIADs

panzer36

Célèbre photographie d'un Panther de la 130te Panzerdivision "Panzerlehr" de la Heer, prise en Normandie en juin 1944.

Voici plusieurs photographies et quelques films d'archive montrant les chars panther. N'hésitez pas à m'envoyer des commentaires pour apporter un éventuel complément d'information et surtout pour signaler les erreurs que je glisserai forcément ici et là.
(Pensez si possible à indiquer vos sources).

Des liens sur le Panther:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Panzerkampfwagen_V_Panther

Bonne vistite, enjoy :

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SdKFZ 171 Panther
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